Comment se déroule un enterrement à Cuba ?
Quelles sont les traditions et coutumes ?
Dans notre article, nous visitons l’île particulièrement intéressante de Cuba, située dans le nord de la mer des Caraïbes. Les rituels funéraires cubains et la perception de la mort sont fascinants en raison de leur lien avec la Santería.
Parallèlement, l’histoire socialiste de Cuba continue d’influencer les funérailles modernes sur l’île. Aujourd’hui, nous allons en savoir plus sur la place du catholicisme, la Santería et les funérailles à Cuba.
Le décès
Lorsqu’une personne décède, la famille appelle le funérarium local pour que celui-ci vienne chercher le corps et le prépare à être exposé avant l’enterrement. Cette opération est généralement effectuée rapidement afin que l’enterrement ait lieu dans les 24 heures.
Le funérarium habille le corps avec des vêtements choisis par la famille et maquille le défunt pour lui donner un aspect sain et paisible.
Que se passe-t-il lors d'un enterrement cubain ?
Afin de comprendre les traditions funéraires cubaines, connaître l’histoire moderne du pays est primordial :
La révolution cubaine débutant en 1953 avait pour objectif de créer une société égalitaire où tout le monde était traité de la même manière, indépendamment de la richesse ou du statut social. Les funérailles socialistes devaient se dérouler sans mention des croyances religieuses. Les salons funéraires et la plupart des cimetières sont devenus propriété de l’État, et les symboles religieux ont été retirés de bon nombre d’entre eux.
À la chute de l’Union soviétique, certaines des pratiques anti-religieuses ont été assouplies et il est devenu plus courant que des croyances spirituelles apparaissent lors des funérailles. Même si la plupart des Cubains considèrent le catholicisme comme leur système de croyance central, il est plus exact de parler de Santería. La Santería est une religion folklorique afro-cubaine panthéiste développée à partir des croyances et des coutumes du peuple Yoruba, qui incorpore certains éléments de la religion catholique.
Les funérailles cubaines sont des événements uniformes qui peuvent contenir certaines nuances du catholicisme. Il se peut qu’il n’y ait pas d’ordre formel des événements, des lectures ou des chants, de sorte que l’événement peut être différent de la plupart des funérailles auxquelles vous pourriez assister en France par exemple.
Les funérailles
Techniquement parlant, les funérailles laïques sont plus répandues que les funérailles fortement religieuses. De plus, les funérailles sont généralement financées par l’État, de sorte qu’elles ont tendance à être simples et bon marché. Par exemple, les cercueils ne sont parfois pas très solides. Les porteurs de cercueils doivent donc être prudents lorsqu’ils les portent.
En outre, la plupart des funérailles ne durent pas longtemps et ont lieu dans la plupart des cas dans les 24 heures suivant le décès. Il en est ainsi parce que presque aucun salon funéraire n’a accès à la réfrigération. Par conséquent, les défunts doivent être inhumés le plus rapidement possible après leur décès.
La veillée
Le corps est exposé lors de la plupart des veillées cubaines. La famille reçoit les proches et amis du défunt qui viennent témoigner de leur soutien et de leur respect pour le défunt.
Les veillées sont plutôt sombres et ne comprennent ni nourriture ni boisson. Le corps est entouré de simples couronnes, achetées par les membres de la famille et les personnes présentes. Ceux qui ont fait avancer la cause socialiste peuvent être honorés par le déploiement d’un drapeau cubain lors de la veillée.
Les enfants assistent aux veillées funèbres cubaines et on les voit même souvent se promener autour du corps. C’est aux jeunes enfants présents que revient la tâche de « prendre soin » du corps.
Voici quelques caractéristiques intéressantes d’une veillée funèbre cubaine :
Tout d’abord, il est important que la famille soit réunie lors de la veillée. Le but est à la fois de se soutenir mutuellement, mais aussi de tenir compagnie au défunt. Bien que la plupart des Cubains se sentent mal à l’aise dans les cimetières, ils n’ont aucun problème à s’asseoir à côté du cadavre lors d’une veillée.
Deuxièmement, les fils ont tendance à être plus proches de leur père et jouent donc un rôle prépondérant pendant les funérailles. La relation entre une fille et son père est un peu plus compliquée. Plus précisément, elle dépend traditionnellement du fait que le père lui ait donné suffisamment d’argent pour sa quinceañera. S’il n’était pas là pour elle ou si le soutien financier était insuffisant, il se peut qu’elle n’assiste même pas aux funérailles.
Enfin, la famille planifie la veillée funèbre très rapidement après le décès afin que le corps ne se décompose pas. Cela signifie souvent que les membres de la famille qui vivent loin ne peuvent souvent pas arriver à temps pour la veillée.
Tenue vestimentaire
À Cuba cela dépend vraiment des familles et de leurs volontés et habitudes. Il n’y a pas de règles strictes à respecter concernant la tenue. Cependant, comme les personnes présentes seraient peut-être amenées à marcher derrière le corbillard dans le cimetière, ils peuvent envisager de porter des chaussures de marche confortables.
Présenter ses condoléances
Pendant la veillée, vous aurez l’occasion d’exprimer vos condoléances aux membres de la famille. Un simple « Je suis désolé pour votre perte » fonctionne toujours bien dans ces situations. Si vous avez le temps de discuter, vous pouvez envisager de partager des histoires positives sur la personne décédée. Il est important pour les familles de savoir que d’autres personnes se souviendront de leurs proches.
Le cortège funéraire
Sur le chemin du lieu d’enterrement, le corps peut d’abord être conduit dans une chapelle où un diacre accomplit le dernier sacrement. Il ne s’agit pas d’un événement officiel.
En fait, le diacre n’est généralement pas prévenu qu’un défilé funéraire s’arrêtera à cet endroit sur le chemin du cimetière.
En effet, la chapelle offre exclusivement des derniers sacrements catholiques, qui ont tendance à être rapides, non scénarisés et gratuits.
On ne se soucie pas vraiment de savoir si le défunt était catholique ou non.
Le rituel de bénédiction ne dure que cinq ou dix minutes, car il y a souvent une longue file de corps à bénir. Les membres de la famille ayant des croyances religieuses entrent à l’intérieur pour accompagner le corps. Ceux qui n’ont pas de croyances spirituelles attendent à l’extérieur de l’église. Certains peuvent également se tenir près de la porte de l’église pour observer le déroulement de la cérémonie.
Une fois la cérémonie rapide terminée entre cinq et dix minutes, le défunt est conduit au cimetière. La bénédiction est donnée indépendamment du passé du défunt.
En général, il n’y a pas de discours, de musique ou de paroles pendant la procession ou l’enterrement. Les funérailles cubaines sont censées être lourdes et sombres.
Lorsque le véhicule funéraire entre lentement dans le cimetière, les personnes en deuil peuvent le suivre à pied. Il s’agit d’une procession silencieuse, et aucun chant funèbre n’est généralement interprété.
L'enterrement
Une fois arrivé au lieu d’inhumation, le corps est descendu dans le caveau ouvert. Il faut faire attention, car comme dit plus tôt, les cercueils des funérailles cubaines sont souvent construits de manière bon marché. Il y a beaucoup d’histoires de cercueils mal faits qui se brisent pendant le transport. Certaines familles choisissent d’enterrer le défunt avec de petits objets précieux ou cadeaux.
Une fois le cercueil dans sa dernière demeure, les fleurs passent du corbillard à la tombe. Les fleurs sont saupoudrées sur le dessus du cercueil avant que la tombe ne soit fermée. Une fois cela fait, les personnes en deuil quittent le cimetière.
Les demandes spéciales du défunt
Certains Cubains font des demandes spéciales pour leurs funérailles. Par exemple, certains demandent que des chansons particulières soient chantées lors de l’enterrement et d’autres demandent à être enterrés avec une bouteille de rhum.
S’ils ont une demande spéciale pour leur funérailles, ils s’assurent de créer un plan funéraire à partager avec les membres de leur famille. Ils font donc savoir à leur famille s’ils veulent être enterré ou incinéré et l’endroit qu’ils préfèrent pour leur dernière demeure.
Le deuil et le souvenir des morts
La première année après le décès d’une personne est une période de deuil pour la famille. Pendant cette période, la famille accomplit des rites supplémentaires qui ne sont pas toujours catholiques. Ces rites aident également l’âme du défunt dans son voyage vers l’au-delà.
Un autre rituel important est le « Tambor para según ». Il s’agit d’une cérémonie de tambour qui honore les esprits des morts. Nous devrions également mentionner ici la cérémonie du « Cajon de Muertos“. En bref, ce rituel apporte la bonne fortune tout en bannissant la malchance et l’énergie maléfique.
Les Cubains prennent grand soin de se souvenir des morts. Ils se rendent sur la tombe de leurs proches lors de journées spéciales : la fête des mères, la fête des pères, ainsi que les dates de naissance et de décès de leurs proches. Ils nettoient les tombes et laissent de la nourriture, des boissons et des fleurs sur chaque pierre tombale. Les messes catholiques pour les défunts sont populaires à Cuba.
Trois ans après le décès, les membres de la famille retournent sur la tombe et enlèvent les restes du défunt. Les ossements sont placés dans un ossuaire, qui est une tombe collective unique. Cette pratique est généralement utilisée dans les lieux où les cimetières sont rares.
Les familles cubaines ont tendance à communiquer avec leurs proches décédés par l’intermédiaire de médiums.
Certains Cubains croient aussi que les esprits de leurs proches décédés peuvent leur rendre visite lorsqu’ils dorment, leur offrant leur sagesse et conseils.
