Comment se déroule un enterrement au Vietnam ? 

Comment se déroule un enterrement au Vietnam ?

Quelles sont les traditions et coutumes ?

Découvrez dans cet article, le déroulement des funérailles au Vietnam qui diffère d’une ville à une autre. Toutes ces traditions ne sont pas forcément pratiquées de la même manière dans toutes les familles vietnamiennes.  

Au Vietnam il y a une vie après la mort, c’est-à-dire, qu’à notre mort nous quittons ce monde pour en rejoindre un autre. 

De par leurs croyances bouddhistes, pour les vietnamiens, les morts ne font que quitter le monde terrestre pour rejoindre le monde de l’au-delà. 

C’est pour cela que les amoureux qui ne peuvent se marier pour une raison ou pour une autre se donnent souvent rendez-vous dans une autre vie. Cette conception de la vie et de la mort a des conséquences considérables sur la manière dont les enterrements ont lieu au Vietnam.

Préparation du corps du défunt

Lorsque le décès est constaté, un coupon d’étoffe noué est placé sur le corps. Ce coupon d’étoffe est destiné à recevoir l’âme du défunt et du culte pendant trois ans ou quatre ans. 

Une poignée de riz et trois sapèques (pièce de monnaie de faible valeur), sont alors introduits dans la bouche du défunt qui devraient lui permettre de payer les frais de route au cours de son voyage vers l’au-delà. 

Le corps lavé, habillé et enveloppé dans un linceul ( drap blanc )  est mis en bière à une heure propice. Le cercueil est installé sur deux chevalets, dans la salle centrale de la maison à proximité d’un autel. Sur le cercueil, sont placés un bol de riz et un œuf bouilli. Avant d’enterrer le défunt, la famille, les proches et  amis du défunt viennent lui dire adieu, en brûlant en son hommage un bâton d’encens. 

Tout cela en présence d’un bonze ou d’un moine bouddhiste qui officie au moment du décès, au moment du convoi funèbre et lorsque le cercueil est mis en terre.

Habit du défunt

Les vêtements du défunt se composent d’une tunique de chanvre ordinaire, ou de fibres de bananier sans couture ni ourlet, d’une robe et d’un pantalon de coton blanc dont les fils, les filles et les belles-filles doivent découdre les ourlets pour le deuil d’une mère ou belle-mère. Les cheveux sont dénoués et placés derrière le dos ; le front est entouré d’une couronne de corde grossière pour les hommes ou d’une sorte de capuchon de coton pour les femmes.

Organisation des funérailles

La cérémonie mortuaire se déroule habituellement au domicile, en présence de la famille ainsi que des représentants religieux, souvent bouddhistes. Les prières accompagnent ici “ le détachement du matériel de l’immatériel »,  autrement dit la séparation entre le corps et  l’esprit.

En amont des funérailles et de l’organisation des évènements principaux (mise en bière, enterrement…), les familles auront recours à un moine pour décider, après la consultation du calendrier et en harmonie avec les astres et l’horoscope du défunt, les jours favorables et l’heure propice pour les funérailles. Aussi, un géomancien (la géomancie est une technique de divination fondée sur l’analyse de figures composées par la combinaison de quatre points simples ou doubles (ou points et traits) pourra décider de l’emplacement de la tombe et de l’orientation que le cercueil devra avoir dans celle- ci.

“La mort est le moment inverse de la naissance. A l’arrivée de l’être formel au monde matériel et visible, lui succède son départ dans un autre espace informel (sans forme) ». Les membres de la famille du défunt sont vêtus d’un vêtement blanc ainsi que d’un bandeau blanc sur la tête, spécialement noué à l’arrière si les deux parents sont déjà décédés.

Quant aux arrières petits-enfants, ils porteront un bandeau jaune.

Le plus grand fils porte un bâton qui sera signe de succession et de prise en charge de la famille.

L’expression « Est-ce que tu as quelqu’un pour prendre le bâton » renvoie au fait d’avoir un fils ou pas pour s’occuper de sa lignée après sa mort.

Rites du convoi funéraire

Le jour de l’enterrement a lieu le cortège funèbre du départ de la maison familiale à l’endroit dans lequel le défunt sera enterré.

Le convoi funéraire varie suivant l’importance de la famille. Schématiquement, il se composait ainsi, de la tête à la queue :

  • En première position, une inscription transversale bordée de lanternes multicolores, portant le nom et l’âge du défunt
  • Suivi d’un panneau rectangulaire (en soie ou en papier) indiquant l’état civil du défunt
  • Juste derrière, la maison de l’esprit* qui sera brûlée pendant l’inhumation
  • Puis arrive le bateau qui conduit l’âme au mont Meru. Le Mont Meru étant la montagne mythique considérée comme l’axe du monde dans les mythologies persanes, bouddhique, jaïne et surtout hindoue.
  •  En avant dernière position nous trouverons le char de l’âme, portant le coupon d’étoffe “habité par l’âme”
  • Puis en dernière position, le cercueil et la tablette funéraire du défunt  recouverts d’une maison de papier richement décorée qui sera brûlée par la suite pour servir au défunt dans l’au-delà.

Les filles et belles-filles  marchent sous le catafalque (estrade funéraire supportant le cercueil) après le fils aîné. Si le défunt est une femme, son fils ainé marche devant le catafalque suivi des autres fils du défunt, le corps courbé, appuyé sur un bâton de bambou dont la partie supérieure est ronde comme le ciel et la partie inférieure est carré comme la terre. Derrière les fils sont placés les gendres et le reste de la famille sous un dais (tissu) de coton blanc, cols de trois cotés qui ferme le cortège. C’est là que se trouve, à l’exclusion des hommes, les petites filles, sœurs, nièces et parentes éloignées.

Convoi funèbre avec la maison de l’esprit qui sera brûlée suivi du cercueil recouvert en deuxième plan

Cérémonie

Une longue veillée est organisée pour le défunt, sans interruption jusqu’au jour de l’inhumation ou de l’incinération. Durant toute la durée de la cérémonie funèbre, la famille du défunt porte les vêtements du deuil.

La famille  achète des fruits et de la fausse monnaie pour le culte du génie de la terre ßu où a lieu l’enterrement. La veille de l’enterrement, les amis proches se rassemblent pour un dernier hommage, des artistes se produisent et toute la cérémonie est animée par les sons des trompettes et des tambours.

Enterrement du défunt

La fosse est creusée d’avance d’après les lois de la géomancie, pour que le sort soit favorable à la famille du défunt. Autrefois, ces fosses étaient souvent creusées dans les rizières dont le défunt était propriétaire. 

Le cercueil y est donc enterré en suivant l’orientation bénéfique vérifiée au moyen de la boussole géomagnétique. On apporte ensuite la tablette funéraire puis un membre important de la famille la complète par un ultime coup de pinceau, en y inscrivant le dernier caractère de l’inscription. C’est à ce moment précis que l’âme du mort habitera la tablette, qui sera ramenée à la maison et déposée sur un autel dressé à côté de celui de ces ancêtres.

À l’endroit de l’inhumation, une petite cérémonie est organisée pour demander au génie du lieu l’autorisation « d’entrée” pour le défunt.

Une fois la cérémonie terminée, un bol contenant du riz, un œuf dur et une paire de baguettes (plantée dans le bol de riz) est déposé sur la tombe. 

Cette coutume a comme signification profonde d’un vœu, d’un souhait.

Dans de nombreux endroits, on construit des maisons funéraires, avec tout le nécessaire pour le confort et l’usage quotidien du défunt dans l’au-delà.

Exhumation

Au nord du Vietnam, l’exhumation est un rite qui permet à l’âme du mort de passer dans l’au-delà. Cette cérémonie a lieu trois ou quatre ans après l’inhumation du défunt. Selon Le Quy Duc, expert de la culture vietnamienne, “les os sont l’abri des âmes et des esprits des défunts” et pour cette raison ces os doivent être réenterrés dans une tombe appropriée.

Le squelette du défunt est alors nettoyé avant l’aube par un professionnel avec un mélange d’eau et d’herbes traditionnelles. Les ossements sont par la suite emballés dans de la soie, puis placés dans une boîte en pierre, avant d’être remis en terre.

C’est dans ce cercueil que le défunt se reposera éternellement. Le cérémonial est beaucoup plus simple que celui de l’enterrement initial.

Ce rite permet à l’âme du mort de passer dans l’au-delà.

Les os nettoyés, ils sont ensuite placés dans un coffre en pierre