HOMMAGE AUX VICTIMES DU NIGER : ANUBIS ÉTAIT PRÉSENT ET VOUS RACONTE ...
Dans le pavillon d’honneur de l’aéroport d’Orly, la France a rendu hommage vendredi 14 août à six jeunes humanitaires tués au Niger dimanche 9 août 2020.
Des humanitaires de l’ONG française Acted, accompagnés d’un chauffeur et d’un guide touristique, tous deux Nigériens, ont été tués dimanche 9 août par des hommes armés arrivés à moto dans la zone de Kouré, à 60 km au sud-est de Niamey, lors d’une excursion touristique. Les victimes étaient âgées de 25 à 50 ans. Les corps de ces six jeunes volontaires, victimes de cette tragédie avaient alors été rapatrié le dimanche 9 août 2020. La France leur a rendu hommage le vendredi 14 août …
Une cérémonie sous le signe de la discrétion
Ils n’ont pas voulu exposer leur douleur. Pour honorer la vocation et le dévouement de six humanitaires tués au Niger, leurs familles ont voulu une cérémonie discrète, sobre, sans bruit. Seul le Premier ministre a pris la parole vendredi 14 août. Un discours non-politique qui s’adresse aux proches des victimes.
Nos équipes d’Anubis présentes sur place
En effet, ce vendredi 14 août des membres de notre équipe Anubis étaient présents afin d’organiser ce rapatriement et la cérémonie hommage. Parmis elles, Mr. Vernhes Dominique, Mr. Kana Fabrice ainsi que Mme. Barki Lila déléguée aux opérations funéraires au sein d’Anubis, qui a eu la gentillesse d’accepter de
HOMMAGE AUX VICTIMES DU NIGER : INTERVIEW DE LILA BARKI déléguée des aux opérations funéraires au sain d'ANUBIS, PRÉSENTE CE JOUR
• Combien de temps as-tu eu pour organiser l’hommage des victimes françaises décédées au Niger ?
Me concernant j’ai eu deux jours avant le Jour-J.
• Est-ce que ça a été compliqué d’organiser tout ça en aussi peu de temps ?
Non, puisque tout ce qui était à mon poste, je savais le faire et sur place l’organisation avait déjà été cadrée par Karima Hamani conseillère funéraire, Fabrice Kana directeur des opérations et Mr.Vernhes PDG et fondateur d’Anubis Group qui avaient fait le nécessaire avant. J’étais surtout là-bas en tant que maître de cérémonie, pour mettre en place les cercueils, accompagner les cercueils, accompagner les familles, présenter la société et notre travail. Pour moi, c’était beaucoup la présentation de la société.
• Avez - vous eu l’occasion de rencontrer les familles des victimes ?
Oui, j’ai rencontré plusieurs familles avec qui j’ai échangé, on appelle ça “ le discours du conseiller funéraire envers la famille”, l’apaisement, l’écoute, l’attention, le côté humain dans les propos, le soutien. Mon métier face aux familles se doit d’être accompagnateur et soutenir cette détresse qui malheureusement était dramatique…
• Quelles ont été les règles à respecter pour ce type d’événement ?
Pour notre part, il s’agissait de faire notre boulot tout en étant discret. Notre travail n’est pas facile, certes, mais nous ne sommes pas là pour se montrer, nous sommes là pour encadrer, organiser et accompagner au mieux les familles.
• Malgré les conditions particulières en période de Covid, cet hommage a-t-il été difficile à organiser ?
Non ça n’a pas été difficile à organiser, mais c’est vrai que le masque toute la journée a été difficile pour moi, la distanciation n’était vraiment pas de rigueur très franchement, mais nous étions tous masqués. Mais ce n’était pas du tout gênant dans le travail en lui-même.
• Peux-tu nous expliquer le déroulé de cette journée ?
Alors le jour-J, j’étais à 7:30 devant notre entrepôt à Orly, pour attendre les corbillards qui allaient faire le chemin du salon présidentiel jusqu’à l’IML (Institut Médico Légal) avec les porteurs/chauffeurs pour pouvoir les mettre en place. Puis on a attendu Mr. Vernhes, Fabrice et tous les porteurs/chauffeurs sur la piste pour attendre l’avion.
Et lorsque l’avion est arrivé, Mr. Vernhes y est entré pour faire un état des lieux de la situation. A partir de là, on nous a donné le feu vert pour commencer à les présenter au Préfet de Paris qui a effectué 5 minutes de silence face aux corps des victimes, qui étaient positionnés sur la piste, que nous avions au préalable placés . Et dès que le Préfet eut terminé son recueillement, on nous a donné l’ordre de les remettre à l’intérieur du salon.
Vu que les familles voulaient une discrétion totale, nous avions positionné les cercueils de manière à ce que les cadres avec le visage des victimes qui était sur chaque cercueil en tant que présentation des défunts ne soient pas visibles aux caméras de Matignon, lorsque le ministre se présenta. Puis à 13h les familles sont arrivées, il y avait donc un buffet pour les accueillir. C’est à ce moment que nous les avons reçus chaleureusement et c’est à cet instant qu’il faut être à l’écoute, attentif et disponible.
À partir de 13h tout s’est enchaîné très vite avec l’arrivée du premier ministre, on a donc laissé l’équipe de Matignon et le Premier Ministre faire leur discours, pour ma part je me suis mise à l’écart, à l’extérieur. Puis lorsque les discours étaient terminés, c’est un rôle qu’on doit impérativement avoir, c’est-à-dire avoir ce contact avec les familles. C’est un moment dans lequel les familles ont le droit de s’approcher des cercueils, de pleurer, de crier … De réagir humainement face à leurs émotions, et nous, nous sommes là pour les accompagner et les soutenir… Il y avait aussi la Croix-Rouge qui était présente en cas de malaise, mais aussi pour le soutien psychologique. Jusqu’aux alentours de 18h 18h30, on était auprès des familles, à discuter avec elles et à être le plus présent possible. Vers 19h, les corps ont été emmenés dans des corbillards escortés par des motards de la police jusqu’à l’IML. Entre temps, nous sommes restés dans le salon pour finaliser la journée et on est partis du salon vers 20h30.
• Comment t’es-tu sentie en fin de journée ?
J’avais déjà effectué des rapatriements de cette sorte, mais celui-là était assez particulier parce qu’on n’avait pas mis notre façon de faire, notre empreinte dans le funéraire. C’était surtout Matignon qui avait organisé les choses. Mais à la fin de la journée, je me suis sentie contente de notre travail parce qu’on a été opérationnel, bien … on n’avait pas besoin de nous dire quoi faire, on connaissait notre travail, on était à notre place. On l’a fait tout en étant aussi disponible que discret. J’étais fatiguée de ma grosse journée, ça c’est certains, mais je m’aperçois que mon métier est humain avant tout. C’est comme les départs de corps, les familles gardent à jamais le visage des personnes qui sont en contact avec leur défunt, celui qui ramène le corps, celui qui l’emmène au pays … Et c’est vrai que j’ai énormément de familles qui m’appellent pour me dire “ Lila je me souviendrai toute ma vie de vous et de votre visage.” Cette journée, pour moi, a été exceptionnelle, car on était une très très belle équipe.