Les funérailles aux Antilles

Comment se déroule un enterrement aux Antilles ?

Quelles sont les traditions, coutumes en Guadeloupe, Martinique et Saint-Martin ?

Toilette mortuaire, annonce du décès, enterrement cérémonie … cet article vous plongera dans les us et coutumes antillaises. 

Les obsèques dans les Antilles peuvent être différentes de celles pratiquées en France.

Aux Antilles c’est un moment de grand rassemblement et même si beaucoup de traditions ne sont plus pratiquées, certaines perdurent encore aujourd’hui.

Autrefois, les rites funéraires se déroulaient en plusieurs jours : avant, pendant et après l’enterrement. 

Contrairement aux coutumes métropolitaines, c’était une période de rassemblement et de fête qui permettait de se souvenir de la vie du défunt. En plus de la famille, les habitants du quartier, voire de la ville, se sentaient concernés par cette perte.

Les rites et traditions sont plus ou moins les mêmes aux Antilles que ce soit en Guadeloupe, en Martinique ou à Saint-Martin à quelques détails près. Mais le déroulement des funérailles  reste le même. 

Les anciens rites funéraires
  • La préparation du mort

Auparavant, la perte d’une personne dans un village était un grand événement, tragique et très triste. 

La famille, mais pas seulement, les voisins et les amis lointains se réunissaient pour les obsèques. 

Annonce du décès : Le décès était annoncé à l’aide d’une coque de lambis dans le quartier, et la famille plus éloignée était prévenue par le crieur des mornes, de nos jours remplacé par les avis d’obsèques diffusés sur les radios locales, ainsi que dans la presse locale…

Les hommes installaient alors les chaises et les bancs pour la cérémonie et les femmes s’occupaient du nettoyage de la maison du défunt. Les ordures devaient être gardées dans un coin de la maison pour être jetées après l’enterrement.

Nourritures, alcools et bougies sont également apportés et préparés pour la veillée funèbre.

Toilette mortuaire : Quant à la toilette mortuaire, le corps était étendu sur des draps propres et lavé avec de l’eau et des feuillages. Ces derniers étaient enterrés ou déversés dans un coin du jardin après le départ du défunt. On habillait le défunt avec de beaux habits neufs.

 

  • La veillée funèbre

La veillée funèbre était un moment convivial où le mort était célébré une fois la nuit tombée.

On rendait hommage au défunt en buvant, dansant et les conteurs racontaient la vie du défunt et des légendes. Le but était de rendre mémoire aux ancêtres et de faire perdurer les traditions.

La fête se déroulait à l’extérieur et les femmes et enfants, à l’intérieur, priaient pour le défunt. Le corps était exposé à tous dans la maison. Les enfants, souvent les filles, lisaient parfois les prières pour les adultes à cause de l’illettrisme de l’époque.

  • L’enterrement

Le lendemain, une personne traversait le village pour informer tout le monde de l’heure de l’enterrement.

Le cercueil était alors transporté au cimetière par quatre ou six porteurs et des hommes à cheval ouvraient le cortège.

Les habitants des îles antillaises étaient, et sont encore aujourd’hui, très chrétiens. Un passage à l’église était donc indispensable.

En fonction de la richesse et de la classe sociale du défunt, les célébrations étaient plus ou moins conséquentes :

– Les plus riches avaient droit aux croix et bannières et les cloches de l’église sonnaient sans cesse. 

– Tandis que les plus pauvres ne pouvaient avoir qu’une simple prière et bénédiction sur le parvis de l’église.

Les parents du défunt étaient raccompagnés après l’enterrement et, les jours suivants, proches et amis leurs rendaient service.

  • Le deuil  

Durant les 9 jours suivant le décès, des prières étaient faites pour le défunt. Des bougies étaient allumées devant la porte d’entrée de la maison. Le 40ème jour, le curé de la paroisse récitait une messe pour le repos de l’âme du mort.

Une période de deuil devait être respectée, plus ou moins longue en fonction de la relation entretenue avec le défunt.

  • Pour la mère, 3 ans de deuil dont 2 ans ferme (vêtements noirs à manches longues et aucun bijoux portés).
  • Pour le père, 2 ans de deuil.
  • Quand il s’agit du mari/de la femme et pour tous les membres de la famille, 1 an de deuil.
Les actuels rites funéraires

Actuellement, les traditions sont plus ou moins respectées.  Les radios locales et la presse annoncent les décès. Depuis quelques années, avec l’ampleur que les réseaux sociaux ont pris, des décès sont beaucoup annoncés via Facebook. 

Les veillées mortuaires sont encore pratiquées mais l’exposition du corps est plus rare. En campagne, certaines familles continuent cependant. 

Les agences de pompes funèbres s’occupent désormais de l’organisation des obsèques comme en métropole.

La coutume des prières de 9 jours perdure encore aujourd’hui. 

À la Toussaint, les cimetières s’illuminent avec des bougies que les familles déposent sur la tombe de leurs ancêtres.

Guadeloupe : Qu’en est-il aujourd’hui ?

Alors que, dans certains pays, les funérailles sont un événement triste, en Guadeloupe, il s’agit d’une période de fête. 

En Guadeloupe, les funérailles sont symboles de retrouvailles, de solidarité et de soutien envers la famille. 

À la Toussaint, il n’est d’ailleurs pas surprenant de voir les cimetières se remplir et s’illuminer à la mémoire des personnes disparues.

En Guadeloupe le BOULA GÈL est le chant spécifique des veillées. La mort est ainsi sublimée en musique et en chansons.

Martinique : Qu’en est-il aujourd’hui ?

Les traditions ancestrales ont en majorité disparu aujourd’hui. Les familles font appel à une société de pompes funèbres qui s’occupe de tout : le corps, le cercueil, l’inhumation ou la crémation, le décor pour la veillée… Les volontés du défunt sont cependant toujours respectées.

Le décès d’une personne rassemble encore actuellement une centaine de personnes minimum. On peut le constater lors des veillées et des enterrements qui réunissent les voisins, les amis, les habitants du quartier, mais aussi les collègues de travail. On observe ainsi la popularité du défunt et/ou de sa famille. 

L’atmosphère des funérailles est différente aujourd’hui : la solidarité, l’importance accordée au mort et au deuil, et la dimension festive sont moindres.

La famille a moins de temps à consacrer au mort et au deuil, les avis d’obsèques sont publiés sur les radios locales, les familles préfèrent rester en petit comité. 

La majorité des jeunes martiniquais partent étudier et travailler en métropole. Pour les enterrements, il faut donc parfois attendre que les enfants, proches… rentrent. Et, si ce n’est pas le cas, une messe est organisée 8 jours après l’enterrement à laquelle ils assisteront. 

Les demandes de crémation sont de plus en plus nombreuses en Martinique.

  • La veillée 

La principale tradition funéraire conservée est la veillée. Dans la plupart des cas, elle se déroule dans les maisons funéraires des pompes funèbres puisque beaucoup de personnes habitent en immeuble. 

La veillée, fixée entre 18h à 22h, est un moment moins festif durant lequel on chante, prie, pleure et on se remémore des anecdotes autour du défunt.

La dimension festive est retrouvée lorsque la veillée a lieu dans une maison. Le cercueil est placé à l’intérieur autour duquel des femmes prient, pleurent et chantent. 

À l’extérieur de la maison, l’entourage du défunt échange des anecdotes, et des conteurs, avec parfois des tambours, animent la veillée pouvant durer jusqu’au matin.

  • La marche funéraire 

Le lendemain, avant la cérémonie à l’église, une marche funéraire est organisée à partir d’une place du village à quelques kilomètres de l’église. 

Le corbillard, qui dirige la marche, précède la famille et les connaissances du défunt qui portent les gerbes. 

Lors de l’enterrement, avant que le cercueil soit descendu dans la tombe, des femmes prient et chantent. Tout le monde y assiste et reste jusqu’à ce que la tombe soit fermée.

“La croyance veut que si quelqu’un glisse un papier sur lequel est écrit le nom d’une personne qu’il souhaite voir mourir, sous le corps du défunt, elle tomberait alors malade et mourrait. »